(...) L’eau, le corps, l’esprit réagissent à la musique, et mon corps est constitué principalement d’eau. Bien sûr, je pourrais me considérer, surtout, comme ayant un visage, des doigts, des jambes, et toute cette machine composée d’os et de chair, machine que l’on désigne par le nom de corps. Je pourrais pétrir ma chair, mes tissus adipeux dont la taille et l’emplacement déterminent la manière dont chaque corps est perçu, genré, jugé, caractérisé en termes esthétiques, tissus et chair qui touchent et sont touchés. Mais je pourrais aussi entendre mon corps comme une chose parmi les choses, comme une somme de processus physico-chimiques flexibles et muables selon Descartes, un acteur matériel-sémiotique selon Haraway, comme un truc composé d’eau qui réagit selon moi.
Mon corps touche et est touché, oui. Et le toucher, le geste, sont une danse. La danse, ce n’est pas uniquement le jeu des pieds et leurs mouvements, l’inclinaison des poitrines et la rotation des hanches qu’on appelle parfois grâce, la danse c’est tout le geste, tout le reste, c’est le monde entier qui se meut. (...)
Extrait de : La plante que donc je suis, de Jayrôme C. Robinet (Revue FemmesPHOTOgraphes, N°10)
Série autoportraits, 2003-2006
ÉDITO (extrait)
Il y a l’insurrection, l’explosion fantastique, l’éruption du volcan : l’événement. Et puis il y a tout ce qui l’entoure, tout ce qui précède et qui suit, qu’on pourrait ne pas voir, aveuglé·es par son incandescence. C’est ce sur quoi « Terre de feu » s’attarde : la tectonique des plaques, les longues réunions préparatoires, les pollutions insidieuses, les agents dormants, les colères accumulées, les douleurs enfouies, les répercussions intimes, l’épaisseur granuleuse du temps.
Isabelle Gressier 2009 - 2015
EAN : 9782956022466 ; ISBN : 978-2-9560224-6-6
Edition FemmesPHOTOgraphes
Des enchaînements de sens, des prolongements de désirs, des dépliages de pensées, des séries signifiantes qui insistent, du noir et du blanc. J’ai pris des photos,beaucoup. Parfois constamment quand j’étais ailleurs. Des mots ont jailli et se sont arrimés à ces sortes de visions. Les mots et les photographies se ressemblent, ils se répondent en échos parfois, ils ont les mêmes desseins, souvent. Paroles et images s’unissent pour former une réalité qui est autre.
Des liens au monde se sont créés.
Isabelle Gressier à travers ces quelques images tente quelque chose de simple, montrer le corps comme une entité susceptible d’autre chose que de porter un visage ou d’être le réceptacle d’une personne. Elle s’approche de la peau et en révèle des surfaces irisées jouant à devenir paysage, un paysage de plis d’ondulations et de vibrations. ...
Quand l’image fixe l’instant, la lumière et la matière sont déjà ailleurs et c’est cet « ailleurs » qui donne la vitalité d’instant au réel. Si le réel disparaît, si le sujet n’est plus, le rapport que l’on entretient avec lui est éternel. »
Les lois régissant l’art dans nos sociétés mettent en valeur “l’artiste”, le Un, le seul (rarement, faut-il le rappeler, la Une, la seule...). La course à l’argent et au “succès” favorise cette tradition capitaliste. Il en va de notre responsabilité de dénoncer cette “norme sélective” imposé par l’État. Cette norme est construite par et pour les classes dominantes. Elle privatise l’accès aux savoirs et à la médiatisation.
L’art peut être une forme de résistance parmi d’autres, il l’est d’autant plus s’il est travaillé à plusieurs mains. Les réflexions, la créativité et l’indépendance que nous apporte de travailler à plusieurs sont flagrantes. Nos différences – origine, classe, âge – et notre proximité nous permettent de nous interroger sur nos comportements, sur notre langage et notre écoute au monde, et de rester attentives au racisme structurel et à la xénophobie ambiante. Se confronter à des regards et à des points de vue différents élargit la capacité d’un possible commun et donc d’un possible de l’image, puisqu’elle en est le miroir. ...
Édito Revue FemmesPHOTOgraphes N°7 - Isabelle Gressier.
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ÉDITO
À 4 ans, Jef Klak s’est violemment fait attaquer par un cygne, et à 8 ans, il voulait être vétérinaire. En colo, il découpait les vers de terre et brûlait des fourmis. Jef Klak n’aime pas les zoos, mais elle est bien obligée d’y aller si elle veut voir les girafes et le lamantin. Ça lui a quand même fait quelque chose quand il a dû tuer toute une portée de chatons. Jef Klak ne peut pas avoir de chien dans son appartement, mais des souris vivent dans sa cuisine. ...
De 2010 à 2015, j'ai auto-édité mon travail photographique sous forme de journaux papier. Ceux-ci paraissaient deux à trois fois par an. Les associations qui se sont créées ont été le reflet de l'évolution de mon travail dans sa continuité.