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Early Man on a Modern Road - 

Exposition au Musée de la préhistoire des Gorges du Verdon - 2009

Cette exposition se propose d’intervenir in situ, au sens où elle s’inspire tout autant de la collection du musée que de son environnement géographique et local. Il s’agissait de fournir un contrepoint aux modalités traditionnelles d’exposition des objets dans un contexte muséographique, en en accentuant les correspondances formelles et les discontinuités, afin d’offrir la possibilité d’une lecture nouvelle de la collection permanente du musée. Les installations présentées ont été conçues pour entrer en dialogue avec les objets du musées et de mettre en lumière diverses façons d’écrire et réécrire notre histoire, et d’imaginer celle qui est à venir.

Il s’agissait donc pour ce projet de travailler avec le contexte muséographique : les fouilles archéologiques, les vitrines et leurs contenus et les dioramas. La scénographie s’articule en trois parties :

– Une installation à l’étage inférieur du musée dont le dessin s’inspire de l’architecture de Norman Foster et

qui reprend sous la forme transposée d’une « fouille » archéologique les principaux éléments des collections du musée ainsi qu’une partie de son environnement extérieur.

– Un diorama venant compléter la série déjà exposée au premier étage du musée, et cherchant à donner de notre époque contemporaine une lecture « post-historique » : comment saisir notre temps à travers une vitrine de musée, telle qu’elle serait composée par exemple, dans 200 ans ?

– Un affichage de 33 mètres de long sur le mur extérieur mêlant des éléments préhistoriques et des objets contemporains.

La complainte du progrès

Pour construire l’installation dans l’atrium du musée, qui s’apparente donc à un site archéologique, j’ai intégré des éléments naturels tels que différentes terres locales, des pierres de différentes natures, des plantes environnantes, et des objets collectés en amont auprès des habitants de Quinson. Ces objets vieux au plus de quelques décades, ont été sélectionnés selon deux critères : ce sont tous des objets usuels, quotidiens, mais la nature de cet usage s’est perdue, on ne sait plus aujourd’hui bien à quoi ils ont servi. Ce sont des objets utilitaires sans utilité. Certains sont incomplets, et peuvent (ou non) s’agencer avec d’autre partie d’objets qui leurs sont mitoyens. Un tel agencement permet, par les rapprochements multiples qu’il autorise aux visiteurs,

de construire la ou les fictions d’un usage possible, exactement comme on postule d’un biface préhistorique qu’il a pu servir à tanner une peau.

Dés le départ, j’ai voulu, à travers une série de variations, insister sur la notion de fondation.

Cette installation se compose de trois espaces différents, reliés par une chaîne de fondations en diagonale qui coupe chaque espace et les relie entre eux. J’ai réalisé trois cavités de différentes profondeurs sur une armature de bois (entre 3 et 5 mètres sur 3 mètres, et de 40 cm à 90 cm de profondeur) afin de recevoir différentes sortes de terre, et de figurer des « trous » dans un sol naturel. L’un des côtés de l’installation vient s’appuyer sur la rampe centrale du musée (accès du public au 1er étage), en béton, qui reproduit elle même la courbe générale du bâtiment, et qui permet aux visiteurs d’avoir un regard plongeant sur l’installation.

Au fond de chacun de ces « trous », sont disposés, et parfois semi enterrés, des objets identifiables comme appartenant à différentes époques. Chacun possède également une qualité différente de terre : couleurs et matières sont distribuées selon une progression qui mène à un certain « épuisement ». Dans la première cavité, la terre est riche, rouge, intense en couleur, collante. C’est la terre des fondations du musée (une briqueterie occupait précédemment cet emplacement). Dans la deuxième, elle est de couleur ocre jaune, plus terne, moins dense, il y a plus de cailloux. Dans la troisième, sa couleur est grise et elle est saturée de petits cailloux, presque sableuse, il devient impossible de détourer un objet distinctement.

La nature des objets visibles au fond des cavités répond à une progression similaire. Ce sont tout d’abord des objets en matière naturelle, des os, des crânes, des silex qui sont dispersés de façon éparse dans le premier espace. Leurs couleurs sont des camaïeux de blancs et de gris. Dans la deuxième cavité, les objets sont en fer rouillé et en verre et en nombre plus important. Et dans la troisième, constituée d’une terre sableuse de couleur grise, se trouvent en abondance des objets contemporains, fabriqués industriellement, souvent caractérisés par une faible durée de vie : des ustensiles de cuisine des années 80 très colorés, une imprimante, un lecteur de CD, du film plastique, un morceau de polystyrène coupé qui simule une roche, etc.

Sur les pourtours des trois cavités j’ai également figuré des strates de terre en reprenant le principe du coffrage en maçonnerie. Dans ses strates j’ai intégré des couches de galets, de cendres et des couleurs différentes de terre.

Au-dessus des trois cavités, se trouve un niveau supérieur (une sorte de « niveau du sol ») qui englobe tout. Il est composé de terres mélangées, de cailloux, de feuilles mortes, de branchages, et, progressivement, de plantes véritables.

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