Ile d'Yeu
Stage de dessin organisé par Anne-Sylvie Hubert en juillet 2014
La Mer tourne, s’enfonce, m’emmène avec elle,
loin dans le vide,
le crayon essaie de la suivre, traits suivis de traits, répétés, les mêmes, ratures
enfin recommencer
le bras suit la vague mais le trait reste sur le papier,
empreinte encore
la vague elle, déjà repart dans son passé
elle se happe elle même, liquide en chute
aspiration par en dessous
abandon de soi
percevoir cet infini comme une scène de théâtre
où vient s’annoncer un présage inquiétant
elle est là, mangeuse, sournoise, belle, première,
elle ne se fixe jamais dans le temps, elle avance sans changer de place
impossible à photographier , son temps n’existe pas
il est noyé effrayant
Le rocher saura garder sa trace, lui est assez fort, moi pas.
La plage éclairée par la lune me sauve.
Grandi ose
le grand cadre noir revient
il impose ses limites à mes yeux. Je l’attendais.
La nuit trempée de suie me parle avec un son puissant, entêtant, sans mots
j’ ose
des lignes de lumière mentent sur toutes les surfaces noires
La lumière est assez floue pour me faire douter et assez lumineuse pour me faire croire
qu’il faut regarder, qu’il faut garder, profondément
Foutaise, méprise,
mots pas assez neufs pour elle, la mer
crayon et pellicule sont des traces qui ne me suffisent pas,
leur temps n’est pas juste, pas vrai
ça ne pourra exister qu’en les noyant
pour juste l’apercevoir en rêve
même si c’est la peur au ventre, et qu’elle me noiera
un jour ou l’autre
elle sait quand, moi pas.